Le baguage, pour quoi faire ?

 Aspects techniques

En ornithologie, de nombreuses recherches sont effectuées à partir d’observations et de comptages. Cependant, ces techniques ne permettent pas de suivre individuellement les oiseaux, ce qui est fondamental pour connaître notamment longévités et déplacements. Le baguage reste à ce jour la technique la plus éprouvée pour assurer ce suivi individuel sur un grand nombre d’individus.
Baguer consiste à poser sur le tarse ou le tibia des oiseaux une bague métallique numérotée. Sur chaque bague est gravée un numéro unique et les informations suffisantes pour permettre le rapatriement postal de la bague vers le centre émetteur de celle-ci. Le baguage, lorsqu’il est assuré par des personnes qualifiées , n’altère en rien le comportement des oiseaux. De nombreuses études ont montré que ni la survie, ni le succès de reproduction n’étaient affectées par le port d’une bague. A titre d’exemple, les bagues utilisées sur les plus petits des oiseaux (15 à 20g) d’Europe pèsent environ 31 milligrammes, celles posées sur les Merles noirs (pesant 90 grammes en moyenne calculée sur 8300 données issues de la base de données du C.R.B.P.O.) pèsent 187 milligrammes, soit un rapport de l’ordre du 500e. En France, le baguage existe depuis 1911. Depuis, plus de 6 300 000 oiseaux ont été bagués. Le flux annuel est de l’ordre de 100 000 nouvelles données de baguage, 5 000 données de reprise (oiseaux bagués trouvés morts) et de plusieurs dizaines de milliers de contrôles (oiseaux recapturés et relâchés porteurs de leur bague). Toutes les données récentes sont informatisées et l’informatisation des anciennes données est en cours. En tant que membre d’Euring, le C.R.B.P.O. transmet une copie de ses données de baguage vers la base de donnée européenne (Euring Data Bank, basée au Royaume-Uni). Cette base centralise toutes les données de reprise européennes (au moins 38 centrales de baguage membres à ce jour).

 Objectifs scientifiques

Le baguage a été et continue d’être le meilleur outil pour déterminer les voies de migration et les zones d’hivernage et de nidification des oiseaux (les systèmes utilisant les balises satellitaires ne concernant pour l’instant que quelques individus chez les espèces de moyennes à grandes tailles). Aujourd’hui, le baguage est aussi de plus en plus utilisé pour évaluer les paramètres démographiques des populations d’oiseaux et permettre ainsi le suivi intégré de celles-ci. Le baguage a par exemple permis récemment de mettre en évidence et d’évaluer un très fort déclin des populations nicheuses de Pouillot fitis en France au cours des dix dernières années. On a pu aussi remarquer que les électrocutions de Cigognes blanches touchaient principalement les jeunes individus en migration vers leurs quartiers d’hivernage (plus de 300 Cigognes baguées ont été retrouvées sous des lignes électriques en France entre 1990 et 1999 sur un total de 500 reprises) ou encore qu’il existait une forte corrélation entre la période de migration post-nuptiale et le lieu de nidification chez le phragmite des joncs (cf graphique ci-dessous).

Passage post-nuptial des Pragmites des Joncs

 Ressources complémentaires