Recommandations relatives à la prévention de la grippe/influenza aviaire

Le niveau de risque d’influenza aviaire hautement pathogène passe régulièrement en ’élevé’ (p. ex. début novembre 2020 et 2021, voir Plateforme Epidémiosurveillance Santé Animale pour rester informé sur l’évolution), et devient un enjeu pour la conservation d’espèces peu communes. Nous nous devons donc d’anticiper l’ajustement de nos pratiques afin de prévenir la transmission de ce virus entre oiseaux, et des oiseaux à l’Homme, et ce tout au long de l’année puisque les alertes se multiplient en automne, avec des rebonds locaux qui peuvent durer jusqu’à l’été suivant.

Les règles de prévention sanitaire s’appliquant à la manipulation d’oiseaux sauvages préviennent largement le risque de transmission (disponible dans l’article dédié). Le présent article rappel ces principes, et les ajustements spécifiques à l’influenza aviaire.

 1) Prévention de la transmission des oiseaux sauvages aux oiseaux d’élevage (et inversement)

Le risque majeur est de transmettre le virus depuis des oiseaux sauvages vers des oiseaux captifs (poules, canards, oiseaux de cage), ou inversement, de vos oiseaux captifs aux oiseaux sauvages que vous manipulez. Vous pouvez vous retrouver vecteur du virus soit du fait de la manipulation d’oiseaux, soit du fait que vous avez marché dans de la terre contenant du virus (via fientesux mélangées à la terre restée sur vos chaussures).

Il est indispensable d’appliquer les mesures d’hygiène recommandées pour la prévention de l’influenza aviaire (cf. plaquette INRS ; cliquer sur ’Accès au texte intégral...’). SAGIR (unité d’épidémiosurveillance de l’OFB) a formulé les précautions d’hygiène suivantes (citées in extenso, avec quelques ajustements) :

  • Garez-vous à distance des zones souillées par des déjections d’oiseaux, afin de ne pas contaminer les roues de votre véhicule : ne roulez pas sur les berges, sur les reposoirs et dortoirs d’oiseaux, ni dans les zones de gagnage. Si vous accédez en véhicule (voiture, bateau) à des zones potentiellement contaminées, il faut désinfecter ces véhicules après chaque session ;
  • Prévoyez une paire de chaussures de rechange ; après intervention et avant de monter dans votre voiture mettez vos chaussures ou vos bottes souillées dans un sac ; au retour, lavez-les et désinfectez-les, par exemple avec de l’eau de Javel diluée (ou VIRKON) en respectant les recommandations d’utilisation inscrites sur l’étiquette du produit pour en garantir l’efficacité ;
  • Prévoyez une tenue de terrain et des vêtements propres pour pouvoir en changer s’il y a un risque de souillure par des déjections d’oiseaux ; changez de tenue avant de monter dans votre voiture si vos vêtements de terrain ont été souillés ;
  • Désinfecter l’équipement : si vous avez utilisé un équipement sur site et qu’il a pu être souillé (contact avec des fientes ou avec l’eau), après lavage, utilisez un désinfectant adapté en spray ou par immersion : VIRKON (efficacité avérée pour les influenza aviaires) dilué à 1/200, avec application pendant > 10 min, puis rinçage à l’eau et laisser sécher ; ou F10 SC Veterinary dilué à 1/250, avec application pendant > 30 min, puis rinçage à l’eau et laisser sécher. Protégez-vous pendant l’application (produits irritants cutanés et respiratoires) : manipuler dans un milieu bien aéré ou ventilé ; port de gants et de lunettes de protection ; bien se laver les mains après utilisation ; NE PAS manger et ou porter les mains à la bouche pendant manipulation ou utilisation. NB : Nous n’avons pas testé la résistance des filets japonais à ces produits, mais ce sont les produits recommandés par l’UICN pour les filets et pochons utilisés pour les chauves-souris. Vos témoignages sont bienvenus ;
  • en fin d’intervention lavez-vous les mains au savon si vous le pouvez, et désinfectez-les avec un produit antiseptique type gel hydro-alcoolique ;
  • N’allez pas vous-même dans une basse-cour ou un élevage de volailles [ou manipulation d’oiseaux en cage] immédiatement après votre intervention en zone humide [et inversement].

 2) Prévention de la transmission entre oiseaux sauvages

C’est le 2e risque principal. Ainsi, dans les zones avec présence avérée en cours d’influenza aviai les infre, NE réalisez PAS de capture (cf. règle n°6).
Les zones à risque particulier (habitats aquatiques littoraux et continentaux de certains départements) où le virus H5N8 est le plus susceptible d’émerger sont illustrées dans une carte sur le site du Ministère en charge de l’Agriculture. La liste des départements actuellement en alerte est définie dans l’arrêté ministériel du 04/11/2020 qualifiant le niveau de risque en matière d’influenza aviaire hautement pathogène. Et les communes a priori à risque sont définies dans l’annexe III de l’arrêté ministériel du 16/03/2016 relatif aux niveaux du risque épizootique en raison de l’infection de l’avifaune par un virus de l’influenza aviaire hautement pathogène et aux dispositifs associés de surveillance et de prévention chez les volailles et autres oiseaux captifs.

Lors de la contention (sac, carton) et la manipulation (mains, instruments) vous risquez de transmettre le virus d’un oiseau contaminé à un oiseau sain. Idéalement, il faudrait laver les dispositifs de contention (pochons), de mesure, et nos mains, après chaque oiseau manipulé... SAGIR recommande de porter des gants à usage unique (non stériles), de changer de gants entre deux oiseaux, et de désinfecter le matériel en contact avec les oiseaux, par exemple avec des lingettes antiseptiques utilisables sur la peau.
A minima, changez de pochon entre chaque oiseau, et lavez les pochons (à 90°C) après chaque utilisation. Pour tout oiseau symptomatique, appliquez les précautions recommandées (cf. règle n°6).

 3) Prévention de la transmission des oiseaux sauvages à l’humain

Si votre état de santé est altéré (en particulier symptômes grippaux), ne prenez pas de risque sanitaire supplémentaire : ne capturez pas d’oiseau sauvage (cf. règle n°2).

Le virus est présent dans les fientes. La transmission est aérienne (aérosol), et par contact avec les muqueuses. Les mesures génériques de prévention s’appliquent : cf. règles n°1, 3, 4 et 5. La transmission à l’Homme est peu fréquente, mais nos pratiques (forte promiscuité avec les oiseaux) font que nous sommes parmi les humains les plus à risque.

L’examen de l’adiposité et de la mue (nécessitant de souffler sur l’oiseau) doit être suspendu dans les zones à risque particulier.